Il existe trois types de contrat d’édition :
- le compte d’éditeur
- le compte d’auteur
- l’autoédition
Chacun a ses spécificités, ses avantages et ses inconvénients. Au sein d’une même méthode de publication, on peut également trouver des tas d’alternatives, ce qui a tendance à créer la confusion. Or, pour une bonne compréhension du monde de l’édition, il est primordial de bien comprendre ce que chaque option vous offre comme obligations et possibilités. Décortiquons ensemble les trois alternatives et leurs enjeux.
1. Le contrat à compte d'éditeur
C’est le Graal dont rêvent tous les auteurs. Un contrat prenant en charge tous les frais d’édition (correction, maquette, promotion…) et reversant à l’auteur un certain pourcentage des ventes. Soyons très clairs, un contrat n’est à compte d’éditeur qu’à la condition où l’auteur ne débourse pas un centime pour être publié. Au contraire, on peut même vous proposer une avance sur droits (plus ou moins grosse selon l’envergure de l’éditeur et votre notoriété). En France, les droits d’auteur reversés avec ce type de contrat sont en moyenne de 8 à 10% du prix de vente HT. Là encore, cela varie selon l’éditeur et son mode de fonctionnement (a-t-il des diffuseurs/distributeurs ? Y a-t-il un format numérique de prévu ? Un format poche ?) Il est possible de négocier son contrat, mais la marge de manœuvre est généralement serrée, surtout si vous n’avez pas encore de notoriété. Malheureusement, des centaines de livres sont publiés chaque semaine, et l’éditeur prend toujours un risque en signant un nouvel auteur. Soyons francs : rares sont les premiers romans qui deviennent des best-sellers. Guillaume Musso, qui a beau être l’auteur français le plus lu depuis plusieurs années consécutives, a lui-même connu un « flop » avec son premier roman Skidamarink. Sa notoriété acquise, Skidamarink a été republié par un autre éditeur en 2018, lui offrant une seconde vie.
Le compte d'éditeur avec un distributeur
Savez-vous distinguer distributeur et diffuseur ? Certains éditeurs font appel aux deux, d’autres n’ont pas de diffuseur, et d’autres encore internalisent complètement le service de distribution. Pour comprendre votre contrat d’édition, il est important de comprendre à quoi servent ces deux métiers et comment ils contribueront au succès de votre livre.
Tout d’abord, qu’est-ce qu’un distributeur ? Il s’agit d’un prestataire de service qui s’occupe de stocker, expédier les livres, et gérer les éventuels retours. Cela peut être le fait d’une entité telle que Sodis, Interforum ou Hachette (il en existe d’autres !), et le prestataire récupérera les livres en sortie d’imprimerie. Mais il peut également s’agir d’un prestataire d’impression à la demande, tel qu’Amazon ou BoD. L’impression à la demande est intéressante dans le sens où elle évite les coûts de stockage, ainsi que la mise au pilon des ouvrages si les ventes n’atteignent pas les estimations de l’éditeur. Certains éditeurs indépendants, généralement de toutes petites structures, s’occupent eux-mêmes de stocker les livres et de les expédier. C’est une énorme charge de travail en sus, mais une façon de réduire les coûts, et donc de proposer des droits d’auteur un peu plus élevés que des concurrents avec distributeur.
Le compte d'éditeur avec un diffuseur
Le diffuseur est un prestataire qui intervient dans la partie promotionnelle du livre. Il s’agit ici d’assurer l’arrivée d’un ouvrage dans les rayons des librairies, ainsi que sur les salons. Concrètement, l’éditeur présente ses prochaines sorties à une équipe de représentants (employés du service de diffusion), qui vont ensuite démarcher les réseaux de libraires pour faire connaître chaque titre. Parmi les diffuseurs, on compte Hachette, Interforum, Sodis… Et certains sont également distributeurs, permettant de centraliser toute la vie du livre au sein d’une structure. Contrairement à ce que l’on peut imaginer, peu d’éditeurs ont recours à un diffuseur. D’une part car le diffuseur choisit ses clients, et ce n’est pas forcément rentable pour eux de travailler avec de toutes petites structures. D’autre part car cela augmente les coûts de production d’un livre. Il est donc plus difficile pour un éditeur indépendant de s’aligner sur les droits d’auteur proposés par les concurrents. En définitive, ce sont généralement les mastodontes de l’édition qui disposent d’un distributeur ainsi que d’un diffuseur. Non seulement car ils peuvent se permettre la dépense, mais aussi car leur réputation et leur rayonnement crée une demande très forte de la part des auteurs, qui sont prêts à accepter des contrats plus bas pour entrer en librairie.
Synthèse du contrat à compte d'éditeur :
Le compte d’éditeur est indiscutablement le contrat le plus recherché et le plus confortable pour les auteurs. L’éditeur s’occupe de tout, l’auteur ne débourse rien, et selon la renommée de l’éditeur, le rayonnement promis au livre est sans pareil. Toutefois, la rémunération en droits d’auteur n’est pas la plus haute avec ce type de contrat. De plus en plus d’auteurs lui préfèrent l’autoédition. Pour arrêter votre décision, demandez-vous d’abord ce que vous attendez d’un contrat d’édition :
2. Le contrat à compte d'auteur
Souvent décriée, considérée comme une arnaque, l’édition à compte d’auteur mérite une analyse plus neutre pour bien la comprendre. Tout d’abord, il s’agit d’un contrat qui demande une participation financière à l’auteur. Celle-ci peut prendre la forme d’une participation (achat d’exemplaires, prise en charge de la correction…) ou d’un gros chèque, englobant tous les frais de publication.
Attention : ne confondez pas l’achat d’exemplaires conditionnant la publication du livre (comprenez : on ne publiera votre livre que si vous précommandez 40 exemplaires que vous vous débrouillerez pour vendre par la suite) et le tarif préférentiel pour la commande d’exemplaires. De nombreux éditeurs, si ce n’est tous, proposent un rabais aux auteurs lorsque ceux-ci veulent commander des exemplaires en vue d’une dédicace ou d’une distribution à leurs proches.
Le compte d'auteur : une arnaque ?
Les contrats à compte d’auteur sont considérés comme des arnaques parce qu’ils jouent généralement sur les sentiments des auteurs. À savoir : on leur fait croire qu’ils ont été choisis parmi une masse de manuscrits reçus, on leur propose un contrat, et bam, on leur demande de payer une somme parfois astronomique. Persuadés d’avoir séduit par leur plume, les auteurs sont alors prêts à verser l’argent pour réaliser leur rêve. La réalité ? Le manuscrit a rarement été lu, et l’éditeur se contente d’un envoi massif de contrats en espérant que quelques poissons mordent à l’hameçon.
Comment savoir si vous avez reçu un contrat à compte d'auteur ?
- L’éditeur vous promet / vous fait un retour sous 2 semaines avec une proposition de contrat
- L’éditeur vous demande de participer financièrement à la publication (frais de correction, frais de maquette)
- L’éditeur vous oblige à acheter un nombre minimum d’exemplaires pour publier votre livre
- Dans quel cas de figure le compte d’auteur peut être une option intéressante ?
Faut-il fuir le compte d'auteur ?
Tout dépend de ce que vous attendez d’un éditeur.
Oui : Si vous souhaitez vous professionnaliser dans le métier.
Au même titre que vous ne payez pas votre patron pour occuper ses bureaux et vendre ses services, vous ne payez pas votre éditeur pour travailler sur votre livre et le commercialiser.
Oui : Si vous écrivez pour le plaisir.
Du moment que vous êtes un peu à l’aise avec le digital, ou que quelqu’un l’est dans votre entourage, mieux vaut recourir à l’auto-édition (gratuite OU bien plus abordable) que dépenser jusqu’à des milliers d’euros pour vous faire publier.
Non : Si vous souhaitez une publication rapide et une prise en charge complète de votre publication.
Je vais être directe : tous les textes ne passeront pas les mailles des services de manuscrits des maisons d’édition à compte d’éditeur. Et c’est OK.
Si vous souhaitez confier l’intégralité des corrections, décisions graphiques et modalités d’impression à un professionnel, libre à vous de passer par un prestataire. Et c’est vraiment comme ça qu’il faut voir l’éditeur à compte d’auteur.
Certains se bougent un minimum pour faire vivre les livres, obtenir quelques critiques dans la presse. C’est rare, mais ça existe.
3. L'auto-édition
Si vous ne voulez pas abandonner vos droits à un éditeur et qu’il est hors de question de payer pour vous faire publier, vous pouvez envisager l’autoédition. Il s’agit ici d’être à la fois l’auteur et l’éditeur de votre ouvrage. Avec l’émergence de plateformes telles qu’Amazon, BoD, Lulu, et bien d’autres, il n’a jamais été plus facile de s’autopublier. Fini le temps où l’auteur devait démarcher un imprimeur, stocker ses exemplaires et réaliser ses envois à la main. Vous pouvez désormais tout contrôler en ligne et passer par l’impression à la demande pour réduire vos coûts. Selon le prestataire choisi, vous le rémunérez par la cession d’un pourcentage de vos ventes (60% pour les exemplaires papier Amazon, par exemple) ou par l’achat d’une formule de mise à disposition du fichier (sur BoD, par exemple, vous payez une vingtaine d’euros pour que l’ouvrage soit référencé sur les différentes plateformes de vente en ligne type Fnac, Cultura, Amazon… puis BoD vous transmet un décompte des ventes en prélevant les coûts de production de chaque livre, ce qui vous laisse toute la marge). Vous êtes donc sous contrat avec le prestataire choisi, mais ledit contrat vous engage globalement sur une forme d’exclusivité, ou sur le mode de rémunération choisi.
L'auto-édition : la voie royale pour être publié ?
Être totalement libre, garder toute la marge de ses ventes (ou presque) et tout de même pouvoir tenir son livre entre les mains, cela semble l’option parfaite pour tous les auteurs, pas vrai ? Sauf que… cela implique tout de même quelques désagréments. En effet, un auteur en autoédition doit être un véritable touche-à-tout, capable d’assurer les parties créative, commerciale et financière du processus de publication. Pour qu’un livre soit bien accueilli par le public, il faut qu’il soit corrigé des fautes d’orthographe, de syntaxe, mis en page, et idéalement accompagné d’une couverture qui attire l’attention. Rien que cela, ce sont les métiers de 4 personnes différentes : le correcteur, l’éditeur, le graphiste et le maquettiste (bon OK, ces deux derniers peuvent être le même acteur). Ensuite, il faut assurer la communication autour du livre, démarcher les libraires, les blogueurs qui seront le relai de l’annonce de la sortie, la presse… C’est un investissement en temps, et même en argent, considérable. D’autant plus que si vous voulez vous faire accompagner par des professionnels, vous devrez payer chaque prestation de votre poche. Et malgré tous les efforts fournis, rien ne vous garantit que le public sera au rendez-vous. Vous pourriez tout aussi bien avoir dépensé à perte et devoir affronter une immense déception.
L'auto-édition : la voie royale pour être publié ?
L’autoédition reste une alternative intéressante, notamment pour les auteurs qui espèrent vivre de leur plume. Si vous disposez d’une communauté engagée, qui se mobilise à chaque nouvelle sortie d’un roman, alors l’autoédition vaut l’investissement. Qu’il s’agisse de temps, si vous réalisez chaque partie du processus, ou d’argent si vous sous-traitez certaines prestations. Cela vaut aussi la peine si vous souhaitez simplement tenir votre roman entre les mains, sans nourrir l’ambition de toucher un public large : vous pouvez vous servir de l’autoédition pour imprimer quelques exemplaires que vous distribuerez à vos proches, le tout pour un coût très bas. Enfin, beaucoup d’auteurs optent pour un statut hybride entre édition à compte d’éditeur et autoédition, afin de se reposer sur des professionnels pour les titres les plus faciles à placer en maison d’édition, et de conserver un revenu intéressant sur les titres en autoédition. Cela leur permet également de toucher un plus large public, s’appuyant à la fois sur leur réseau et celui de leur éditeur, et de créer ainsi un cercle vertueux.